Gaston Moret a probablement eu de la peine à reconnaître cette colonie qu’il avait dirigée lors de son ouverture il y a 60 ans tout juste. Chambres redessinées, douches dédoublées, locaux communs parfaitement aménagés, espaces de jeux bien équipés, cuisine rénovée: la colo de Ravoire répond aujourd’hui à tous les standards de confort exigés pour un tel centre de vacances. Si bien que cette colonie, en dehors des camps de vacances traditionnels qui font pratiquement toujours le plein, est ouverte à la location toute l’année et peut accueillir jusqu’à une centaine de personnes et cela à quinze minutes de Martigny.
Ravoire préféré à Verbier
Presque plus rien à voir avec le bâtiment dont la première pierre avait été posée en 1955 sous l’égide de la ligue antituberculeuse. «Dans les années 1950, les communes de la région de Martigny (Martigny-Ville, Martigny-Bourg et la Bâtiaz) organisaient des camps dans la région de Martigny, notamment dans le village de Champex», rappelle l’actuel président Guillaume Bonvin.
En 1953, le comité de la colonie de Martigny-Ville cherche des solutions pour augmenter la capacité de ses camps. «Devant l’impossibilité d’acheter et de transformer des locaux existants, il propose alors la construction d’un bâtiment neuf.» Le choix se porte finalement sur Ravoire plutôt que sur… Verbier. «Probablement grâce au microclimat particulier de ce balcon sur la plaine du Rhône permettant une excellente oxygénation des futurs pensionnaires.» Le bâtiment est construit à la fin de l’année 1955. Son inauguration officielle à lieu le 24 juin 1956 et, dès les mois de juillet et août, le bâtiment s’ouvre aux colons. Mais attention: c’est un mois réservé aux garçons, l’autre pour les filles. Deux fois une centaine de colons se pressent ainsi chaque année pour participer à l’événement. «A l’époque, deux à trois moniteurs ou monitrices suffisent pour l’ensemble des enfants qui se débrouillent, soit sur le terrain de football, soit dans la forêt.»
Les ruses de Daniel Rausis
C’est cette colonie que Daniel Rausis, l’humoriste et homme de radio, découvre à la fin des années 70, d’abord comme moniteur puis comme directeur. «C’était en 1978. Rien n’était comparable à aujourd’hui.» Trois exercices plus tard, il se voit propulsé à la direction. «Le titulaire du poste est tombé malade quelques jours avant le premier séjour. Comme j’étais le seul garçon adulte à disposition, le comité m’a demandé de le remplacer alors que je n’avais aucune formation pour…» Heureusement, Daniel peut compter sur la présence d’un aumônier expérimenté en la personne d’Yvon Kull. «Il avait une dizaine d’années de plus que moi et un peu plus d’autorité.» Guitariste émérite, Yvon Kull va apprendre à Daniel tout le répertoire d’Henri Dès. «C’était une autre époque. Nous devions veiller sur un dortoir et 80 gamins avec des monitrices à peine plus vieilles que nous et qui fréquentaient l’école normale. Aujourd’hui, ce ne serait plus imaginable.»
Tout comme la manière de gérer le budget initialement affecté à l’approvisionnement en nourriture. «Je peux aujourd’hui l’avouer puisqu’il y a prescription. Quand nous allions faire les courses pour la semaine, il nous arrivait d’acheter cigarettes – fumer n’était pas encore tabou – et alcool pour améliorer le quotidien des monitrices qui n’étaient pas trop bien payées. Et on demandait à la vendeuse d’inscrire l’achat de ces clopes sous la rubrique spaghetti.»
Gros succès populaire malgré les pluies du matin
«La fréquentation est allée au-delà de nos espérances.» Après avoir craint le pire samedi matin au moment où des trombes d’eau noyaient la colonie de Ravoire, le président Guillaume Bonvin dresse un bilan 100% positif des festivités de ce 60e anniversaire. «Rien que pour le repas de midi, nous avons dû faire trois services pour nourrir plus de 320 personnes.»
Dans l’après-midi, une vingtaine de familles ont profité du retour du soleil pour participer au rallye et rayonner dans tout le village. «Les concerts et la boum de fin de journée ont également super bien marché. Le groupe Macaô a par exemple fait le plein des 120 places de la tente que nous avions dressée sur la nouvelle aire de jeux extérieure.» Au total, ce sont plus de 500 personnes qui ont ainsi profité de cette journée de fête pour redécouvrir le charme de la colo de Ravoire.