Ravoire : une station située dans un endroit reconnu comme idéal par les autorités de surveillance, soit le service fédéral d’hygiène publique et le département du service cantonal d’hygiène publique. 1100 mètre d’altitude.
Au centre de bourgade, un immeuble moderne et sobre attire le regard du visiteur. Durant deux mois, des centaines de gosses s’ébattent là, dans la nature idylliques où l’air est très sain. La Colonie de vacances de Martigny a été fondée le 30 novembre 1955- C’était en quelque sorte la fusion des deux colonies respectives de Maitigny-Ville et Martigny-Bourg.
Quels sont les buts de cette colonie ? Le président du comité, M. Jean Actis, nous les précise :
— Avant tout d’offrir un séjour aux enfants de la commune de Martigny dont l’état de santé nécessité une cure d’air. De seconder, de ce fait, l’action de la Ligue antituberculeuse et d’exploiter, sans but lucratif, les bâtiments et terrain appartenant à la Colonie de Martigny et sis à Ravoire.
Cette colonie est administrée par un comité composé d’un délégué d’un chacune des communes intéressées – actuellement il ne s’agit que de Martigny uniquement – et de quatre à huit personnes nommées par l’assemblée générale. Ce comité est actuellement compose de MM. Jean Actis, président ; Pierre Pouget, vice-président ; Georges Roduit, secrétaire ; Georges Moret, caissier ; de Mme F. Germanier, de MM. Gaston Délez, Pierre Franc, Denis Puippe et Rémy Saudan, membres.
Le financement
Le financement pour la construction a été assuré par emprunt garanti par la Commune de Martigny – Anciennement par les Communes de Martigny-Ville et Bourg -. Mais l’exploitation et l’entretien sont assurés par les ressources que le comité prélève selon les compétences que lui donnent les statuts.
Le nombre de places est de 86, ce qui permet avec deux mois d’exploitation – juillet et août – d’avoir 5100 journées d’enfants environ par année. La colonie est ouverte à tous les écoliers âgés de 7 à 12 ans, dont l’état de santé nécessite un changement d’air. Ceux de condition modeste ont toujours la préférence. Le choix des enfants est opéré par l’infirmière visiteuse de Martigny. Ceux-ci une fois désignés, sont soumis d’office, aux frais de la Colonie, à une visite médicale. Ces gosses sont en général issus de familles qui ne peuvent s’offrir des vacances selon les méthodes classiques.
Notons que les adolescents malades ou contagieux ne sont pas acceptés, leur traitement étant l’affaire du préventurium de la Ligue antiturberculeuse.
La Colonie est placée sous la direction de M. Gaston Moret, instituteur à Martigny. Le personne, à l’exclusion des cuisinières et lingères, est composé d’institutrices ou d’étudiantes de l’école normale.
Si ces jeunes ne suivent pas de cours « scolaires », la discipline n’en est pas moins indispensable. Un exemple : ils participent aux petits travaux journaliers, soit épluchage des légumes, commissions, etc. Des jeux sont en outre organisés. Comme la Colonie dispose de plus d’un hectare de terrain, on a pu aménager entre autre une place de football et basket-ball.
Les ressources
Elle sont les suivantes :
- Une participation des parents aux frais de pensions. Celle-ci est fixée par le comité, après consultation de l’autorité communale et est toujours fonction de la situation financière des familles et du nombre d’enfants. Disons à titre de renseignements, que le prix maximum est d’un franc par jour, alors que le prix de revient est environ de 3 francs 90, sans compter la charge d’entretien et d’amortissement. De ce fait, le coût total d’une journée, toutes charges comprises, oscille entre 4 francs 50 et 5 francs.
- Un subside pas très important – mais toujours le bienvenu – du Service fédéral et du Service cantonal de l’hygiène publique, à titre de lutte contre la tuberculose.
- Toutes les ressources que le comité « imagine » : les cartes de membres de l’association, dont la cotisation est fixée à un minimum de 5 Fr. par année; le revenu des lotos – chose très important et d’actualité, puisque celui en faveur de la Colonie de Martigny aura lieu les 21 et 22 novembre prochains au Café des Messageries -; et tous les dons reçus en espèces et en nature.
La principale préoccupation du Comité
Pendant dis mois, cet immense bâtiment reste donc inoccupé. Qu’en pense le président ? – Oui ! On peut dire que c’est là une des préoccupations majeures du comité ainsi que des autorités. N’oublions pas que l’investissement qui a été opéré à Ravoire peut être estimé aujourd’hui, à plus d’un demi-million. En effet, la Colonie qui peut abriter 86 enfants, plus les personnel, est très bien aménagée et plus d’un hectare de terrain jouxte la bâtisse. Je pense personnellement qu’une solution doit être trouvée. Pourquoi, par exemple, ne pas organiser, par rotation, des camps d’hiver ? Si les autorités communales pouvaient, avec l’accord des parents , bien entendu, introduire cette nouveauté , notre Colonie pourrait, dès après les fêtes de fin d’année, accueillir la jeunesse de la Ville et du Bourg. Quelques cours donnés le matin et l’après-midi se- raient, en principe, réserves aux excursions.
En effet , nous avons tous remarque que les enfants des classes primaires entament leur second trimestre souvent très fatigués, d’abord par- ce que cette période est assez longue, et qu’elle succède aux fêtes traditionnelles ! Notons que c’est précisément à cette époque que l’organisme est le plus durement éprouvé !
Ainsi, ce séjour à la montagne se- rait le bienvenu ! Les écoliers pour- raient dès lors reprendre le 2me tri- mestre en pleine forme… Cette proposition pourrait être re- tenue. La loi et le règlement sur l’instruction publique ne s’y opposent pas.
Il est bien clair que la commune ne pourrait, à elle seule, supporter la charge que représente la pension. Il faudrait alors compter sur la participation des parents. La difficulté serait précisément de faire admettre à ceux-ci qu’ils doivent financer tout ou partie de ce séjour à Ravoire. Et pourtant ce mode de faire se pratique déjà, à ma connaissance, dans d’autres localités. On pourrait procéder de la façon suivante : ce camp n’étant pas obligatoire, l’autorité scolaire recueillerait les inscriptions. Les enfants dont les parents ne veulent par participer financièrement à ces classes d’hivers, poursuivent leurs études dans la localité habituelle sous la direction d’un maître. L’autre instituteur libéré par le fait qu’une partie des écoliers est en montagne, assure là-haut l’enseignement. Dans ce cas, bien entendu , les parents doivent payer une participation, le solde étant couvert par une contribution de la Bourgeoisie et de la Commune.
En conclusion, disons que l’effort de ceux-ci ne serait pas insurmontable puisqu’ils touchent déjà, pour leurs «rejetons» en âge de scolarité, une allocation familiale de 30 francs par mois. Une pièce d’un franc par jour, qu’ils pourraient déposer dans la crousille : « Séjour à la montagne » …
M. Actis a trouvé là une solution qui mérite mûre réflexion.