Chacun connaît cette chanson rosse qui n’est pas dénuée d’un certain fond de vérité. Elle ne s’applique heureusement pas à celle de Martigny, qui, depuis seize ans rend d’appréciés services à quantité de gosses et de parents. On se souvient qu’elle fut inaugurée en été 1955 par l’ancien président Marc Morand qui pouvait à juste titre présente au public tout ce qu’il y avait de mieux à l’époque dans ce domaine.
Seul le chauffage n’était pas prévu. On y avait songé, certes. Mais les disponibilité financières du moment obligèrent les responsables à remettre cela à plus tard. Le magnifique immeuble, dès lors, ne pouvait être utilisé qu’en été et demeurait volets clos pendant le reste de l’année. Le comité que préside M. Georges Moret, s’est penché longuement sur cet état de fait et, après une étude approfondie de la situation, chargea une entreprise de faire le tour du problème.
Les fonds réunis, les travaux pouvaient débuter en mars 1971 pour se terminer au début du mois de juin. On y a installé non seulement le chauffage, mais encore un système de ventilation (air conditionné étudié spécialement par un nouveau bureau LERT à Martigny) permettant de conditionner l’air.
Très beau travail en vérité dont il faut féliciter non seulement les promoteurs mais encore les auteurs. Les transformations se poursuivront cet automne par des applications de peinture, par la pose de cloisons dans les dortoirs de manière à les transformer en petites unités autonomes d’une dizaine de lits.
Nous sommes allé l’autre jour rendre visite au directeur. M. Jean-Pierre Rausis, instituteur diplômé dans cette spécialité après avoir suivi des cours pendant trois ans. Il a succédé à un autre homme entièrement dévoué à la cause Gaston Moret, vice-président de la bourgeoisie, qui fonctionna à la satisfaction de tous du début à 1967, soit pendant douze ans.
Diriger une colonie de vacances n’est point une affaire de routine car les responsables doivent insister sur le caractère éducatif de l’institution. «En effet , nous a confié M. Jean – Pierre Rausis, un centre de vacances doit devenir actuellement un centre éducatif; l’un des grands avantages d’une colonie réside dans le fait que les enfants sont présents 24 heures sur 24. » D’où pour l’éducateur responsable, une meilleure connaissance de leurs caractères qui demeure certainement l’un des problèmes psychologiques les plus délicats.
Je ne dis pas, poursuivit M. Rausis, que la colonie va nous permettre de connaître à fond le caractère d’un enfant. Mais le fait de le suivre tout au long de la journée, nous donne une possibilité d’étudier ses réactions sur divers faits; par conséquent de s’en faire une idée plus exacte et plus complète. Que ce soit au jeu, lors d’activités manuelles, au coucher, en cours, la Colonie permet de confronter et de synthétiser les réactions de l’enfant. Cette amélioration de la connaissance du caractère correspond à la préoccupation primordiale de l’éducateur !
L’homme, écrasé par d’autres hommes, n’a jamais autant qu’à notre époque souffert de la solitude. L’enfant ressent aussi ce problème social et il a besoin d’un apprentissage de la vie collective. Dès lors, la richesse d’un séjour en colonie est immense puisque toutes les couches de la population, les milieux sociaux y sont représentés.
« Les jolies colonies de vacances », de Pierre Perret (merci papa, merci maman), sont désormais très loin dans notre mémoire. Les petits colons de Ravoire vivent un horaire journalier basé sur le repos et l’éducation collective. Le lever d’abord, est échelonné de 7h30 à 8h30. L’enfant décide lui-même à quel moment il veut sortir de son lit, donnant ainsi personnellement le départ de sa journée. Idem pour le petit déjeuner. Mais à 10 heures, les lits doivent être faits, les nettoyages terminés. On se livre ensuite à des activités de groupes, intérieurs ou extérieures selon les conditions météorologiques; avant midi, il y a la petite cure de santé calmante précédant l’entrée au réfectoire.
A table, le service personnel oblige chacun à faire l’effort d’attention pour se servir correctement. Dès 13 h. 30, c’est la sieste (libre vers la fin du séjour pour autant que l’on se livre à des activités calmes, lectures, par exemple). Vient le goûter. A 16 h. 30 ce sont de nouveau les activités par groupes, jusqu’à 18 heures, moment de la douche. Trois quarts d’heure plus tard c’est le souper puis la veillée au cours de laquelle on se livre à des jeux, on regarde des films instructifs ou d’aventures.
A 21 heures, il y en à assez pour pouvoir dormir sur ses deux oreilles. Par là, la colonie de Ravoire contribue à atteindre le but final de toute éducation : créer le goût de l’acte libre, apprendre à guider personnellement sa vie. On n’y tente pas de réaliser ce qui peut se faire à l’école ou au sein de la famille ; on y donne une éducation purement spécifique sans vouloir empiéter d’aucune façon sur les organes éducatifs existants.
Ce serait vouer par avance son travail à l’échec. La colonie de Ravoire, de par ses récentes transformations, pourra dorénavant viser d’autres buts. Elle pourra servir, mis à part les mois de juillet et d’août, à l’organisation de camps de vacances, de séminaires car elle possède 100 lits.
Et puis, sa situation tranquille, à la lisière d’une grande forêt qui est sa propriété, n’est pas l’un des moindres atouts qu’elle a dans son jeu. Ravoire, de simple colonie de -«Vacances, pourra aussi devenir un lieu de rencontres intellectuelles ou sportives.