C’est hier, dimanche après-midi, par un temps malheureusement froid et pluvieux, qu’à eu lieu l’inauguration de la colonie de vacances de Martigny, à Ravoire, en présence des autorités du district et des communes dont l’effort, dans cette magnifique réalisation sociale, est à relever. Au nom du comité de la colonie, M. Georges Roduit ouvrit la partie officielle en saluant chaleureusement et remerciant toutes les personnes qui ont collaboré à cette œuvre. Puis M. Roger Moret, cheville ouvrière du comité, s’adressa au personnel de la nouvelle colonie. Nous ne saurions mieux faire que de publier in extenso son discours qui apporte tous les renseignements nécessaires sur la façon dont la colonie s’est construite et comment elle sera mise à la disposition de nos enfants :
Monseigneur,
Mesdames et Messieurs les invités.
Mesdames, mesdemoiselles, messieurs,
Au nom du comité de la colonie de vacances de Martigny, j’ai le très grand plaisir de vous
saluer et de vous souhaiter la plus cordiale bienvenue dans ce joli site de Ravoire.
M. le Révérendissime prévôt du Grand-St-Bernard, je vous sais particulièrement gré d’avoir bien voulu vous déplacer malgré vos nombreuses occupations, pour apporter à notre oeuvre la bénédiction du Très Hat. Nous sommes tous persuadés que, munie de cette bénédiction, elle n’en remplira que mieux les buts qui lui sont assignés.
M. le Révérend prieur, soyez persuadé que vous serez toujours le bienvenu à notre colonie et que vos petits paroissiens seront heureux d’entendre vos conseils aussi fréquemment possible. Votre ministère s’exercera d’ailleurs certainement en collaboration avec M. le chanoine Dubosson que je salue, de même. respectueusement.
Un personnalité, malheureusement, a dû s’excuser pour aujourd’hui, c’est le chef du Service fédéral de l’Hygiène publique, M. Schneider, que les membres du Comité ont l’occasion d’apprécier lors de divers contacts concernant notre nouvel immeuble. M. Schneider s’est excusé d’une manière si aimable que je ne résiste pas à l’envie de vous donner connaissance d’une partie de sa lettre…
Mais une autre personnalité est aussi retenue ailleurs par des obligations impérieuses, c’est le Dr Calpini, chef du Service cantonal de l’Hygiène publique. Et pourtant, je suis persuadé que s’il l’avait pu, le Dr Calpini serait venu avec empressement à notre inauguration car ce bâtiment est en partie son oeuvre. Et je dois lui rendre hommage pour les conseils qu’il nous a prodigués et pour son dévouement à notre égard.
MM. les président et MM. les conseillers des communes de Martigny-Ville, Martigny-Bourg et La Bâtiaz, le comité de la Colonie vous est particulièrement reconnaissant d’avoir si bien compris l’utilité et la nécessité de l’oeuvre que nous poursuivons et d’avoir donné avec une sit belle unanimité votre accord pour son financement. Au nom du comité, je vous remercie pour la large confiance que vous lui avez témoignée, il a tout fait pour, en être digne et je veux croire que vous n’aurez pas de déception.
J’excuse l’absence de M. Ed. Morand et M. Vouilloz, retenus ailleurs par d’autres obligations, et j’associe à l’hommage rendu aux autorités communales MM. les juges de communes et M. le président de la commission scolaire de Martigny-Bourg, ici présents.
Quand à vous, M. le président de la commune de Martigny-Combe, je vous ai dis ma gratitude pour l’accueil que votre administration et la population de Ravoire ont fait à notre colonie. Accueil empreint de bienveillance et de cordialité qui se traduira aussi, nous l’espérons, par une bienveillance au point de vue financier.
Hommage, maintenant, à notre architecte, M. P.-L. Rouiller, qui a conçu, couvé et suivi pas à pas l’exécution de ce travail, y mettant ici ou là une note de fantaisie, mais gardant partout un sens parfait de réalisme pratique. M. Rouiller n’a pas craint de se déplacer main- tes et maintes fois, en dehors du canton même, pour bénéficier de l’expérience de maisons similaires et, au vu de son œuvre, il peut à bon droit, en être fier.
Il a été aidé, il est vrai, par des artisans capables auxquels j’adresse aussi mes sentiments de gratitude et de félicitations pour la parfaite exécution de leur tâche.
Les membres du comité de la Colonie ont droit à un hommage particulièrement mérité, car je vous le dis, sans fausse modestie, cela n’a pas été une sinécure que de mener à chef une oeuvre semblable. Et c’est bien grâce au dévouement sans limite et à l’excellent esprit de mes collègues que tout s’est terminé dans les délais voulus. Mme Closuit, MM. Actis, Roduit, Tissières, Puippe, Meunier, Mayor et Délez, formant le comité principal, ainsi que vous toutes M' » » des comités locaux qui vous êtes données, durant des jours, une peine énorme pour aménager l’intérieur de ce bâtiment, vous avez bien mérité de la colonie de vacances de Martigny et des parents des futurs colons.
Voici maintenant un petit historique de notre colonie, bien court, il est vrai, puisque la colonie de vacances de Martigny-Ville, sous l’impulsion de Mm. Ad. Morand et Denis Puippe, a été fondée en 1949 et avait Champex comme lieu de séjour avec 22 lits. Celle de Martigny-Bourg fut fondée en 1952 et élit domicile aussi à Champex, sans le voisinage immédiat du chalet de la ville. Ces deux colonies firent bon ménage durant quelques années, mais il fallut bientôt se rendre à l’évidence que ces bâtiments étaient trop petits et qu’il fallait refuser trop d’enfants. Différentes solutions furent alors envisagées: agrandissement par l’acquisition d’un chalet voisin, le chalet Fama, déplacement à Finhaut et achat d’un hôtel, malheureusement au milieu de la station, construction à Verbier, et finalement c’est Ravoire qui prévalut avec son climat idéal, son soleil et ses facilités d’accès pour les Martignerains.
Ce magnifique bâtiment-, dont lé coût total atteindra vraisemblablement 380’000 francs, dont à déduire un subside fédéral de 15%, abritera 80 lits d’enfants plus 8 lits pour le personnel. L’aménagement est moderne, confortable, mais sans luxe inutile comme vous vous en rendrez compte. Le toit a un pan, tout à fait esthétique et cadrant parfaitement dans le paysage a été choisi parce que très économique. Il permet, en effet, de supprimer les combles et de faire en même temps fonction de plafond pour le dernier étage. Nous réalisons ainsi une économie de 25’000 francs sur un toit à deux pans. Le bâtiment, tel qu’exécuté a eu l’accord complet de la commission cantonal de constructions.
Nous avons, à l’alentour du bâtiment, un terrain de 14’000m2 constitué en forêt et prés. Nos enfants auront donc de quoi s’ébattre.
Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, vous visiterez tout à l’heure en détails et apprécierez, nous l’espérons, cette belle oeuvre sociale et d’utilité publique qu’est notre colonie de vacances qui rend d’inappréciables services puisqu’elle concourt au bien et à la santé morale et physique de notre jeunesse.
M. Marc Morand, président de Martigny-Ville prononça ensuite l’allocution que voici :
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
J’apport à la colonie de vacances de Martigny, le salut cordial des communes de Maritgny-Bourg, de la Bâtiaz et de Martigny-Ville. Ce salut, nous l’accompagnons de nos félicitations et de notre reconnaissance au comité de la Colonie qui s’est consacré, avec le plus grand désintéressement à la réalisation d’une oeuvre bienfaisante entre toutes.
Aux modestes et insuffisants chalet de Champex-d’en-Haut, qui abritèrent nos enfants pendant ces dernières années, succède aujourd’hui dans un site enchanteurs, au climat particulièrement sain et à l’accès facile, un des plus beaux et des plus modernes bâtiments construits en Valais et peut-être en Suisse, pour une colonie de vacances.
Nos communes sont fières et heureuses d’avoir, sans rechigner, permis la réalisation de ce grand oeuvre par leur appui moral et financier, sans lequel il eût été certainement impossible de se procurer les fonds nécessaires. Nous, les responsables des deniers publics, mais aussi, — évidemment dans la limite de nos possibilités, — du bien être de la population, nous ne regretterons jamais ce geste d’affectueuse sollicitude envers l’enfance, même si, à raison de l’important capital engagé, les communes devaient participer au paiement des intérêts et à l’amortissement de ce capital.
Il s’agit là, en effet, d’une action éminemment sociale et de belle solidarité entre les différents éléments de la population, qui forme encore une seule et grande famille dans nos localités d’importance moyenne, où, fort heureusement, à l’anonymat des grandes villes substitue le contact personnel entre les habitants, favorisant cet esprit de fraternité qui donne à nos efforts pour le bien de nos concitoyens une satisfaction d’autant plus grande.
Mesdames, Messieurs.
L’enfant est une fleur délicate qui mérite les plus grands égards, car, de sa formation première, aussi bien physique que morale, dépend son avenir. Si l’enfant, pour s’épanouir et s’engager plus tard avec sérénité et confiance dans la vie. a un profond besoin de l’affection et des conseils de ses parents, cela ne veut pas dire que le rôle des pouvoirs publics s’arrête à l’instruction qui lui est procurée par l’école. Non, absorbés par leurs soucis quotidiens et la nécessités de pourvoir à leur travail à l’entretien de leur famille, les parents n’ont pas toujours les moyens de vous tous leurs soins et tout le temps qu’ils voudraient à ces petits êtres qu’ils chérissent pourtant plus que tout au monde. C’est pourquoi, les pouvoirs publics directement, mais aussi par l’intermédiaire des associations constituées dans ce but, ont le devoir impérieux d’aider les pères et mères dans l’accomplissement de leur tâche éducative, contribuant ainsi à améliorer le sort de la génération qui monte. Les colonies de vacances, qui connaissent depuis les premières années de ce siècle une vogue toujours croissante constituent un facteur important du bien-être futur de nos enfants. Elles leur assurent pendant plusieurs semaines par an, des vacances heureuses, lesquelles, en même temps qu’elles les fortifient physiquement par cette vie au grand aire et par une nourriture saine, ont une valeur éducative certaine.
Cette action bienfaisante du point de vue morale, nous la voyons entre autres dans l’horaire, la discipline et la bonne tenue de nos colonies imposent à leurs enfants même dans leurs jeux, dans l’habitude qu’elles leurs inculquent de se débrouiller eux-mêmes pour quantité de choses sans avoir recours à leurs parents parfois trop enclins à se plier à leurs caprices, dans cette vie en commun qui développe chez l’enfants cet esprit de sociabilité nécessaire. Victor Hugo n’a-t-il pas dit : « J’aime un groupe d’enfants qui rit et qui s’assemble. »
Mais il dit aussi :
Prenez garde à ce petit être ;
Il est bien grand, il contient Dieu.
Les enfants sont, avant de naître,
Des lumières dans le ciel bleu.
Dieu nous les offre en sa largesse ;
Ils viennent ; Dieu nous en fait don ;
Dans leur rire il met sa sagesse
Et dans leur baiser son pardon.
Mesdames, Messieurs,
Avant de terminer cette courte allocution, permettez-moi encore quelques mots. J’ai la conviction que l’oeuvre dont nous célébrons aujourd’hui l’inauguration ne sera pas seulement destinées à la colonie de vacances de nos localités mais que, dans un avenir que nous voudrions proche, elle étendra son activités à d’autres domaines encore.
En effet, ne serait-il pas indiqué d’accueillir dans ce bâtiment. à des conditions modestes, pendant l’avant ou l’arrière saison des mères de famille peu fortunées et fatiguées, lesquelles, à l’instar de ce qui de fait à Notre-Dame du Bon Accueil, aux Mayens de Sion, viendront se reposer dans ce home de paix et y récupérer l’énergie qui leur permettra de reprendre ensuite, avec plus de courage, leur tâche quotidienne.
Et puis, est-ce trop demander à nos autorités d’étudier la possibilité d’héberger au cours de l’année scolaire, et à tour de rôle des classes entières d’élèves, auxquels il sera ainsi généreusement distribué instruction, éducation et santé ?
C’est dans ces sentiments, M. le Président, Mesdames et Messieurs, que nous nous associons à votre joie bien légitime en cette journée et que nous souhaitons à l’oeuvre de la colonie de vacances de Martigny longue vie et prospérité.
Au terme de cette partie officielle, Mgr Lovey, prévôt du Grand-Saint-Bernard procéda à la bénédiction de l’œuvre. Puis les participants visitèrent les nouveaux locaux et dégustèrent une succulente collation.
Ainsi Martigny, enviée par les sportifs, grâce à son stade, sa patinoire artificielle et sa piscine, est également équipée d’une colonie de vacances moderne où nos enfants trouveront joie et santé pendant leurs vacances.
Nos félicitations pour la réussite de cette oeuvre sociale et nos remerciements à tous ceux qui ont collaboré à cette importante réalisation.